20 ANNÉES DE TRANSITION : Et Après…
(Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère)
Table des textes sur le sujet:
I- Partie : Propositions pour un Plan de 25 Années
1-Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
2-Croissance Economique Accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
3-Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
II- Partie : Les Estimations Préliminaires des Coûts d’un Plan sur 25 Années
1-D’abord, une question de méthode et de finalités
2-Etablir des étapes intermédiaires
3-Ensuite, une question de fierté nationale
4-Les jeunes entrepreneurs des prochains 25 ans
5-L’opportunité de la production du biodiesel en Haiti
Propositions pour un Débat sur un Plan de 25 Ans
(27 Novembre 2007)
SOMMAIRE
1- Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
2- Croissance Economique accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
3- Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
La Problématique :
- La concentration de la capitale est la source de beaucoup de malheurs, même quand ceux qui profitent de ces malheurs ferment leurs yeux pour ne pas voir, et bouchent leurs oreilles pour ne pas entendre les cris de souffrance de frères et sœurs qui vivent dans les cités en cartons et en fer-blanc tirés de bidons usagés. Les enfants dorment dans les rues, crevant de faim, jusqu'au jour où ils seront suffisamment grands pour se livrer à la prostitution ou suffisamment fort pour porter une arme et devenir un détrousseur ou un kidnappeur qui tuera de sang-froid ; jusqu’au jour où lui ou elle sera tué à son tour. Ce sort réservé aux jeunes du pays est déshumanisant pour toute la nation qui l’accepte en se taisant.
- La croissance de la misère qui peut déboucher sur une crise de la faim avec nos voisins qui aujourd’hui nous tiennent par le ventre. (En terme clair, les Dominicains nous ont dit que si nous voulons manger des œufs frais nous ne devons pas nous plaindre du traitement qu’ils infligent à nos ressortissants ou à nos représentants officiels.) Et il semble que cela n’a pas frappé notre sens de dignité qui porterait tout patriote à prendre la décision d’éviter de manger des œufs pendant un certain temps jusqu'à ce que les œufs qu’on mange soient produits, chez nous, en Haiti.
- Aujourd’hui, en l’An 204 de notre indépendance, notre budget national dépend à plus de 60% de l’aide internationale. Si un jour ces donneurs décidaient de couper cette aide (comme les Dominicains l’ont fait en ce qui concerne les œufs) et nous demandent de faire en sorte de vivre avec nos propres moyens, est-ce que le peuple Haïtien devrait mourir pour autant et le pays disparaître ? Il est grand temps de nous remettre de cette léthargie et faire œuvre qui vaille de ces prochaines 25 années. Plusieurs grandes lignes du plan que nous proposons sont déjà consignées dans le « Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) » que le gouvernement se prépare à soumettre à l’appréciation des bailleurs de fonds internationaux. Ce plan nous parait trop timide. Il ne pourra que continuer la croissance de la misère, et est condamné à échouer sur le plan de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui vise à réduire la misère de moitié d’ici 2015. En effet, si nous prenons en compte qu’il existe 4.6 millions de citoyens en âge de travailler, seulement 800 mille d’entre eux ont des revenus qui les placent au dessus du seuil de la pauvreté. Donc, pour résorber de moitié la pauvreté des couches sociales les plus défavorisées, il faudrait un plan de croissance économique capable de créer 100 mille emplois au moins l’an pour les 7 prochaines années. Un tel effort exige une mobilisation nationale, sans préjugé et sans malice des malicieux traditionnels de la République. Mais, que propose le DSNCRP en termes d’emplois? Alors, jetons un regard sur la proposition alternative qui suit:
A- Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
1- Procéder au réaménagement territorial et à la redistribution du Budget National en fonction de la déconcentration des rôles au sein de l’appareil d’Etat ; répartir le pays en 3 pôles principaux de développement s’articulant sur le Grand Nord, le Grand Centre et le Grand Sud ; lancer un grand effort pour résorber les bidonvilles dans les principales villes du pays et établir des normes rigoureuses à suivre sur le plan de l’écologie urbaine; dynamiser le processus de la déconcentration et de la décentralisation en renforçant les capacités et les fonctions des instances locales, tout en modernisant les infrastructures et les services publics tant du point de vue quantitatif que qualitatif ; un programme principal, à ce niveau, serait la création et la mise en fonction d’un Bureau National du Cadastre avec le rôle de recenser et d’enregistrer les titres de propriétés et distinguer l’appartenance des propriétés privées de celles de l’Etat, dans le but de lancer un programme de construction de trois nouvelles capitales régionales, l’une pour le Grand Nord, une autre pour le Grand Centre et la troisième pour le Grand Sud.
2- L’établissement d’un système de contrôle administratif à trois niveaux, local, régional et central, et la réorganisation et la modernisation de différentes instances du gouvernement central qui devront apprendre à fonctionner harmonieusement avec les structures déconcentrées et décentralisées, et répondre efficacement aux nouvelles exigences de la gestion décentralisée ; et institutionnaliser le financement des partis politiques sur une base proportionnelle, afin qu’ils puissent avoir les moyens de participer à la modernisation de l’appareil d’état.
3- La création et le lancement de toute une série de programmes qui mettent l’accent sur la décentralisation, la modernisation et la gestion participative. Ces programmes porteront des projets dans le cadre d’un effort national engageant tous les segments de la nation sur le territoire et dans la diaspora, en démocratisant le crédit financier et l’éducation à tous les niveaux ; pour éliminer la pauvreté, créer des entreprises et multiplier les emplois et la richesse à travers le pays, afin d’améliorer les chances de réussite des individus aptes des couches sociales les plus défavorisées qui vivent surtout dans l’arrière pays ; un programme devrait fournir des crédits aux jeunes qui ont travaillé dans des programmes d’alphabétisation, de reforestation lancés par les mairies du pays. Ces crédits donneraient accès à l’acquisition de terrain appartenant à l’état, et au financement pour des études techniques et universitaires, ou offrirait une ligne de financement pour l’ouverture d’une petite entreprise. Ces programmes auraient la vertu de redonner confiance à nos jeunes, et à la nation la certitude que nous sommes formés d’un seul peuple qui a renoué avec son idéologie fondatrice, laquelle préconise « L’Union Fait la Force » ; un peuple digne de son histoire et aspirant à un avenir meilleur, en observant les normes de la société contemporaine.
4- Ce plan s’étendra sur une période de 25 ans, et sera réalisé de concert avec l’apport de tous les secteurs de la société civile sans discrimination, et avec la participation des secteurs organisés, comme les syndicats, les coopératives à tous les niveaux, et les associations de jeunes qui devront se mobiliser pour le travail de la régénération du pays, et avec tous les secteurs politiques qui devront respecter les normes de la pluralité démocratique prévues par la constitution ; discuté avec les pays amis et les partenaires du système de coopération internationale ; sous le Haut patronage du Président de la République, ce Programme de Renaissance Nationale serait lancé.
B- Croissance Economique accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
1- Grace aux nouvelles responsabilités des instances locales, progressivement le rôle des instances centrales se réduira, mais le gouvernement central doit devenir aussi plus efficace et plus moderne et compter beaucoup sur des encouragements et des garde-fous pour inciter les autorités municipales à développer et protéger les ressources naturelles locales. Graduellement, le développement des municipalités impliquera le recrutement de nouveaux cadres pour la fonction publique décentralisée. Le rôle de l’administration publique ne sera pas, pourtant, de créer de l’emploi, mais plutôt d’offrir des services de qualité aux individus, aux ménages, et aux entreprises. Donc, il y aura lieu de mettre en place des programmes de formation continue pour les cadres de la fonction municipale.
2- Dynamiser les filières de production et de services en éliminant les barrières et en liant les communautés rurales, les villages et les villes par des réseaux de communication viables en toute saison. La structure décentralisée devra permettre à tout Haïtien, quelque soit l’endroit où se trouve son lieu de résidence, de contribuer de façon effective à la croissance de sa localité d’origine et à l’économie de son pays. Cette croissance devra être accélérée pour atteindre 10% en moyenne l’an, sur une période de 25 années. Ce qui devrait nous permettre d’atteindre le niveau de développement que connaît aujourd’hui notre voisin. Sinon, dans l’état ou évoluent les choses, nous finirons bien par disparaître comme pays indépendant, tout au moins perdre ce qui nous reste de cette indépendance. Nos préoccupations seraient de faire en sorte que la croissance économique crée des emplois décents, réduise la misère, et mette fin au processus de destruction de notre écologie. Somme toute, nous pouvons devenir un modèle sur le plan du développement durable, car nous sommes la Génération de l’Espoir et du futur de ce pays.
3- La création d’emplois sera un rôle principalement réservé aux entreprises privées. L’Etat se réservera le droit d’intervenir ou de maintenir sa présence sur le marché du libre échange quand cela sera dicté par les intérêts nationaux. Mais, il devra concentrer ses ressources et son effort à accomplir sa fonction cardinale d’être un arbitre impartial qui veille et garantit le bien-être de la collectivité, pendant qu’il protège les éléments les plus faibles de la société. Le gouvernement travaillera en harmonie avec les autorités locales pour créer un climat favorable à l’investissement public et privé, et donner des incitatifs pour encourager la création d’entreprises de production et de services dans tout le pays, afin qu’elles deviennent prospères et offrent des emplois décents à nos jeunes, à nos femmes, aux mères et aux pères de familles, et aux différents membres de la société, lesquels devront gagner leur vie dans la dignité et dans le respect de leur droit au travail, sans abus ni discrimination.
4- Nous devons transformer le pays en une vaste entreprise orientée vers la production de biens et la distribution de services qui devront être classés parmi les meilleurs du monde. Nous ne pourrons pas nous engager dans la fabrication de tous les biens dont nous aurons besoin, ni développer tous les services que nous utiliserons. Mais, nous devons être en mesure de produire nos œufs ; et, tout ce que nous choisirons de produire doit porter l’emblème de la qualité.
5- Un certain nombre de secteurs seront prioritaires au niveau central tel que la Justice et la Sécurité, les Infrastructures d’information et de communication, de transport routier, maritime, aérien; pour l’Energie électrique, (la production et la distribution des énergies renouvelables); l’éducation, l’industrie, le tourisme, l’agriculture, l’artisanat et la pêche ; l’Environnement, le Transport, la Santé. Le fait de distinguer de grandes priorités sectorielles n’implique pas que l’Etat devrait se désengager des autres secteurs courants. Le gouvernement central devra inciter les gouvernements locaux à le suivre dans cette voie.
C- Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
1- Nous devons construire une nation solidaire et cohérente à l’intérieur du pays, en mettant l’accent sur nos enfants, nos jeunes, nos femmes ; en établissant un climat de sécurité pour tous et le respect de la loi à tous les niveaux; en luttant contre la violence, la contrebande, le trafic de la drogue, la corruption sous toutes ses formes, et le terrorisme international. Notre territoire ne peut servir de refuge aux bandits. La sécurité est la première fonction de l’Etat.
2- Nous devons protéger notre environnement, notre frontière et reprendre le contrôle progressif de notre sécurité publique, et graduellement réduire la proportion de l’aide humanitaire dans notre budget, grace à une économie dynamique et une gestion efficace de notre assiette fiscale, dans l’ordre de quoi, chaque citoyen devra contribuer selon ses possibilités ; nous devons renforcer la solidarité entre nous tous Haitiens en protégeant les droits de ceux d’entre nous qui vivent à l’extérieur de nos frontières, et les encourager à investir dans le pays, quand ils ont les moyens, en adoptant des mesures qui montrent que nous sommes tous les enfants d’une seule Mère Patrie, HAITI.
3- Nous devons faire un effort constant pour vivre en paix avec nos voisins et tous les pays étrangers, et continuer à maintenir des relations amicales et de coopération avec la communauté internationale, tant sur le plan culturel et sportif, économique que sécuritaire; et aussi contribuer, autant que nous pouvons, au progrès et à l’épanouissement de la Communauté Humaine.
Le vœu solennel que chacun de nous doit faire, cher compatriote, est de travailler dur, tous les jours, à la réalisation de ce programme et à mériter des héros de 1804 et des générations futures. Car, Haiti doit Renaitre.
QUE LE DIEU TOUT PUISSANT NOUS GUIDE ET BENISSE NOS ACTES. MERCI !
PAUL G. MAGLOIRE
PRESIDENT/CEO – PROSINT
II - Les Estimations des Couts d’un Plan sur 25 Années
(01-01-2008)
Sur le texte distribué à travers l’Internet, en novembre 2007, posant le principe de l’ouverture d’un débat général sur un «Plan pour les 25 prochaines Années» pour la renaissance d’Haiti, le nombre le plus important de commentaires que nous avons reçu tourne autour des questions, à savoir, comment estimer les coûts d’un tel Plan et quelles seront les sources de financement.
Aujourd’hui, nous allons nous consacrer à poser les indices et montrer les points de repères théoriques devant guider la façon de procéder pour faire une estimation viable de ces coûts. Ensuite, dans un prochain texte nous chercherons à identifier les sources de financement de façon dynamique.
Concentrons-nous maintenant sur les approches d’estimations des coûts.
1-D’abord, une question de méthode et de finalités
Il n’est pas trop difficile de faire une estimation préliminaire pour un Plan de grande envergure. Car, il existe déjà des standards dans tous les secteurs de production et de service dans le pays. Ainsi, il est accepté que le coût moyen pour un kilomètre de route soit à peu prés $1.000.000. Partant du principe du coût actuel, construire 100 kilomètres de route couterait environ $100 millions et avoir un maillage routier de 900 kilomètres, l’équivalent d’un réseau desservant tous les points de la république, couterait environ $900 millions. La République Dominicaine possède aujourd’hui, un réseau routier s’étendant sur 6224 kilomètres, et carrossable en toute saison.
Le coût du Mégawatt d’électricité est d’environ $1 million également. A ce coût, il faudrait ajouter celui du réseau de distribution. Il faudrait cibler la quantité d’électricité à produire en tenant compte du niveau des autres pays de la région, si nous voulons être compétitifs. Notre voisin de l’est a actuellement une capacité de production installée d’environ 1200 Mégawatts pour environ 10 millions d’habitants. Compte tenu des pertes sur les réseaux par prévarication, nous plaidons depuis plus de 20 ans pour l’adoption d’un système proportionnel, sans usage de compteur-métrique, car les prix seraient indexés par région et niveau de vie, et tous les habitats (bâtiment et logement) dépendant de leur dimension et fonction, recevront un certain nombre de kilowatts/heure par mois, avec la possibilité d’usage additionnel à des prix du marché. Nous avons encouragé de tester ce système dans certaines villes du pays, et nous constatons qu’il a déjà donné de meilleurs résultats en termes de recouvrement des coûts, comparé au système en application traditionnellement.
C’est de même au niveau de l’approvisionnement en eau potable. Les coûts d’adduction par gallon varient selon le type d’approvisionnement et de distribution; bien que l’alimentation de Port-au-Prince en eau potable tende à devenir de plus en plus chère et même problématique, compte tenu du tarissement des sources d’approvisionnement traditionnelles et la croissance démographique galopante de la capitale. Ce qui milite en faveur d’un aménagement rationnel de l’espace du pays et d’une gestion décentralisée qui éclaterait le cadre restreint de la capitale monolithique et centrale et de la monstruosité que représente la République de Port-au-Prince.
Les estimations préliminaires devraient tenir compte des variations et des particularités propres à chaque secteur, et aussi de l’ampleur des besoins de la population basée sur nos capacités et des indices du développement humain que nous voulons atteindre dans cette période indiquée des prochaines 25 années. Ces travaux vont créer de l’emploi et augmenter le pouvoir d’achat de la population qui pourra payer pour ces biens et services. Elle paye déjà, grâce au transfert de la diaspora et à l’aide humanitaire, pour environ $1.3 milliard de produits qui viennent de l’étranger. Donc, la population n’est pas hostile à payer pour des biens et services quand ils sont disponibles. Le pays a beaucoup plus un problème d’offre. Mais, la demande est là. Il ne faut pas cesser de répéter l’exemple de DIGICEL. Ainsi, tous les secteurs de productions et de services peuvent être dynamisés, sans risque de déflation, et les premières estimations, pour avoir une idée du coût global du plan, pourraient être réalisées assez vite. Donc, les projections, si elles sont pondérées avec des variables réalistes, pourraient fournir un tableau de guidage, ou tableau de bord, afin de voir les champs de possibilités existants en termes de financement.
Par exemple, au niveau de notre compagnie, nous travaillons sur un modèle qui permettrait d’entrainer 9000 jeunes par an dans le domaine du maintien et de l’utilisation des équipements bureautiques, dans le but d’établir une base technologique devant supporter les programmes de production et de services que la compagnie compte lancer, dans le cadre d’un effort pour appuyer la modernisation des mairies du pays. Nous estimons, le coût moyen par étudiant formé dans le cadre du programme serait d’environ $1000, donc 9 millions l’an, à peu prés, pour 9000 étudiants et $45 millions sur 5 années serait capable d’augmenter la capacité de travail de la majorité des mairies et des entreprises de production et de service de ses mairies. Ainsi, à partir de ces données préliminaires, nous avons déterminé nos besoins en financement et identifié les sources de financement pour ce programme. Ainsi, cette phase traversée, il y aura à faire les études spécifiques d’évaluation et de mise en œuvre pour chaque programme.
Nous ne devons pas perdre de vue qu’un objectif important d’un Plan de 25 années serait de créer environ 100.000 emplois l’an pour les jeunes qui arrivent en âge de travailler, pour leur donner une raison d’espérer et de croire en ce pays, Haiti. Et enfin, éliminer graduellement la misère, et redonner à notre pays le sens de la dignité. Compte tenu de l’importance nationale d’un tel plan, il ne saurait être la préoccupation d’un groupe ou d’un secteur. L’engagement devrait être national, certes. Mais, chacun de nous devrait chercher à faire de son mieux pour y contribuer. Chaque magistrat devrait envisager comment offrir les meilleures conditions possibles dans sa municipalité pour la création d’entreprises productives. Chaque député devrait aussi contribuer à définir les besoins de sa circonscription en tenant compte des possibilités de sa juridiction. Un sénateur devrait chercher à faciliter l’insertion du plan dans sa région. Le parlement devrait, de son coté, être impliqué à faire l’évaluation des lois existantes et passer d’autres pour dynamiser la mise en place de ce plan. Les entrepreneurs et ceux qui ont des idées d’entreprises devraient proposer des projets qui seraient à même de faire avancer ce plan. Les organisations de jeunes, les associations de femmes, les associations professionnelles, les syndicats de travailleurs, les coopératives, et toutes les forces vives de la nation, dans le pays et dans la diaspora, auraient un rôle à jouer. Et, bien sûr, un tel plan ne serait pas possible sans une volonté politique de la part du gouvernement central de changer le processus qui est en train de nous conduire vers l’abime, en faisant le pays dépendre de plus en plus de l’aide internationale, et le marché national servir de déversoir pour les produits venant de l’étranger ; et cela, sans montrer nul espoir qu’on va recommencer à produire pour créer du travail et de la richesse dans le pays. C’est déraisonnable!
Nous devons faire les estimations en fixant des objectifs globaux et en termes de production et en termes de service à atteindre sur une période donnée. Par exemple, si on se disait que dans 25 ans, le pays arriverait au niveau du développement économique et social de la République Dominicaine aujourd’hui, et même ferait mieux dans certains domaines, cela voudrait dire que notre effort d’accélération de notre économie devrait faire passer le pouvoir d’achat moyen de maintenant à l’an de grace 2032 de l’ordre de $1,800.00 à $9,500.00 qui est en quelque sorte le niveau du pouvoir d’achat moyen de la république voisine aujourd’hui. Cela exigerait, ainsi, un effort de croissance moyenne d’environ 10% l’an à l’instar de l’Argentine, de la Chine Populaire, et de la République Dominicaine. Pourquoi pas ? Et, la nation devrait se mobiliser pour le faire.
Ces objectifs globaux devraient fixer combien de calories en moyenne notre régime alimentaire devrait rendre disponible par habitant avec le support d’un système de production et de service adéquat et de gestion rationnel de nos ressources. Il faudrait des objectifs fixant le nombre de classes d’écoles qui seraient construites durant cette période, pour recevoir un nombre donné d’élèves de tous les cycles de formation, en tenant compte qu’on devrait envisager d’éliminer une fois pour toute l’analphabétisme, si le programme qui est en cours n’aboutirait pas à le faire complètement. Ce plan devrait démocratiser l’accès aux études secondaires et techniques, et de même, encourager la formation universitaire et scientifique, si nous voulons construire un état avec les capacités modernes de production, et construire une économie du savoir capable de nous permettre de faire face aux aléas de la mondialisation. Ce plan devrait aussi établir les voies et moyens pour nous permettre de ramener la couverture végétale, dans les 25 ans, a au moins 20% de la superficie totale du pays. Sinon, nous allons finir par disparaître.
C’est le cas de dire que si nous choisissons sérieusement de faire du tourisme un pivot de notre économie, nous devons anticiper combien de chambres d’hôtels que nous allons construire en moyenne l’an, pour accueillir les centaines de milliers de visiteurs, comme ils ont réussi à le faire, dans moins de 25 ans, dans la république voisine. Il faudra aussi produire des œufs pour les déjeuners de nos invités ; du pain, de la viande et des mets de toutes sortes pour offrir des repas tous les jours, sans rupture de stock. Est-ce que nous allons importer tous ces produits et ignorer que la plus large couche de la population qui est habile à travailler dans la production agricole, le paysan Haïtien, pourrait produire en grande partie ces nourritures, si finalement nous nous décidons à les encadrer et à les financer? La croissance accélérée de notre économie ne veut pas dire que nous devons oublier le paysan qui constitue la plus grande partie de la population. C’est le cas de demander, est-ce que tout va être concentré à Port-au-Prince et ses environs, et ainsi rendre notre état d’insalubrité pire qu’il est, et pensé réussir le pari de devenir une destination touristique, et même nourrir l’ambition de concurrencer les autres destinations touristiques de la région, tout en étant une vraie poubelle à ciel-ouvert?
Parmi ces objectifs globaux, il faudrait inclure la construction des centres hospitaliers et des services d’urgences équipées et l’aménagement d’un nombre important de lits d’hôpitaux par habitant. Car la modernisation du service des soins de santé doit devenir un acquis pour arriver à l’émergence d’un Etat moderne et démocratique dans le pays. Le nombre de kilowatts/heure que nous produisons et le nombre de gallons d’eau par jour que les habitants auront à leurs dispositions, devraient être aussi planifiés. Il faut prévoir le nombre de logements qui sera construit et la quantité d’espace à aménager pour le commerce en gros et en détail, et l’établissement des espaces pour les étalages des petits détaillants au quotidien qui vont continuer à chercher à gagner leur vie comme ils peuvent et où ils peuvent, tant qu’ils ne trouveront pas des emplois qui leur permettront de vivre décemment. Il serait plutôt préférable de rendre leur présence attrayante et utile que de les considérer comme un encombrement et chercher à s’en débarrasser comme quoi ils n’auraient pas droit de cité. Même les villes les plus modernes du monde, de Paris à Manhattan, ont des zones aménagées pour les étalages de rue au quotidien. Et cela se fait si bien, certes, que ces zones apportent un bon complément esthétique à la beauté de ces villes. Est-ce que les Mairies ont déjà demandé à nos architectes de trouver une solution à ce problème ? Tout problème représente une opportunité de création de richesse.
Il y a toute une série d’éléments qui figurent sur la liste des indices du développement humain et la plupart de ces éléments devraient être sur la liste des objectifs à atteindre si nous voulons vraiment construire une société moderne et équilibrée, selon les normes contemporaines. Et, qui sait, ce faisant, on pourrait même atteindre le niveau de développement de notre voisin en moins de temps. Ce serait formidable, puisque selon les experts, un tel bond en avant devrait nous prendre au moins cinquante années. Le miracle haïtien est-il encore possible ? Il faut avoir le courage d’y croire et d’y travailler tous ensemble, en mettant de côté nos différences. Car, si nous ne le faisons pas, au train où vont les choses, il pourrait prendre bien moins que 25 années pour que nous cessions d’exister en tant que nation indépendante. Et nous n’aurions personne d’autre à blâmer que nous-mêmes. Donc, il est temps de retourner aux valeurs fondamentales qui ont donné naissance à notre nation. C’est le moment de faire renaître Haiti. Notre Haiti.
Etablir des étapes intermédiaires
L’impact à court terme de la mise en œuvre d’un Plan de 25 ans serait de créer de l’emploi et de l’espoir, surtout pour les jeunes qui forment plus de la moitié de la population, et chercher aussi à maintenir la stabilité politique dans le pays, si durement acquise. Car, cette situation de chômage, presque généralisé, peut déboucher sur n’importe quoi, et cela, n’importe quand.
Le lancement d’un tel plan pourrait tout d’abord viser à atteindre les Objectifs du Millénaire en 2015, soit la réduction de la misère de 50%. Pendant que nous nous mobilisons pour atteindre cette étape, on pourrait entamer un autre effort pour rétablir la souveraineté pleine et entière du pays, en éliminant du Budget National l’assistance internationale à tous les niveaux. Enfin, la troisième et dernière étape serait l’établissement d’un Etat moderne avec tout ce que cela signifie de nos jours, c’est-à-dire le fonctionnement d’une économie reposant en grande partie sur le savoir ; et ainsi faire de notre pays, sinon la Perle des Antilles d’autrefois, du moins un pays où il fait bon vivre.
Ces considérations nous montrent que les estimations d’un Plan sur 25 années ne sont pas uniquement d’ordre financier. Nous aurons à tenir compte, également, de l’efficience de l’appareil d’Etat et de tous les organismes qui le composent, de la capacité des forces de travail et d’exécutions représentée par la main d’œuvre spécialisée ou non, et aussi du savoir faire des travailleurs intellectuels et techniques, disponibles localement ou dans la diaspora, qui auront un rôle important à jouer au cœur de cet effort. Nous aurons aussi à évaluer la capacité de chaque secteur qui sera engagé dans l’exécution des programmes, et voir comment mettre en place des modules de formation pour la mise à niveau de tous les secteurs, en relation avec les standards d’exécution.
La deuxième étape dans le processus d’évaluation du plan consisterait à définir les objectifs à atteindre sur des périodes plutôt courtes pour les programmes porteurs. Et il faudrait prévoir qu’au terme de chacune des périodes qui seront établies, les programmes en cours devront être réévalués et réajustés en fonction des performances enregistrées, pour éviter des dérives et des variations qui éloignent trop les résultats des prévisions. Ces évaluations pourraient être faites sur des cycles de 100 jours, et seraient alternées entre les instances locales, régionales et centrales, et publiées dans la presse pour l’édification du grand public, et réduire les risques de corruption. Car, les mauvaises habitudes de coulage et de dérapage dans notre société ne vont pas disparaître bien vite. Donc, il faudra constamment veiller pour maintenir l’honnêteté et le respect du bien commun.
Comme nous l’avons dit plus tôt, nous ne saurons pas capables de tout faire, mais chercherons à faire avec maestria ce que nous faisons. Alors, il faudra bien cibler les secteurs porteurs pour éviter d’éparpiller trop nos ressources et ne pas obtenir l’optimization des effets multiplicateurs. Car, il est largement établi que la production et les services, dans une économie de marché sont, en général, plus efficients en misant sur le principe de la grande échelle. Disons, plus on produit, moins cela coûte. Mais, la production d’échelle, ne veut pas dire une production reposant sur de grands équipements et une structure industrielle de production à la chaine, uniquement. L’Allemagne, l’un des grands exportateurs mondiaux, doit sa réussite à des réseaux de petits producteurs. Bien sûr, l’Allemagne a aussi une longue tradition d’artisanat et de petits métiers.
Nous pouvons envisager d’intensifier la production avec la participation des coopératives et des associations de producteurs, en misant sur le talent de l’Haïtien. Il existe un embryon de ce système que nous pourrions renforcer assez vite. En fait, en apportant le support adéquat aux coopératives et aux associations de producteurs on pourrait relancer la production des œufs pour le marché local à partir de réseaux de milliers de cages de poules pondeuses à proximité des zones où il existe une forte demande pour ce produit. Ce système serait plus flexible pour s’adapter aux variations du marché et faire face à l’importation. En un temps record, un tel système peut nous permettre de répondre à la demande de 30 millions d’œufs que nous importons tous les mois de la République Dominicaine. Ainsi, une approche de ce genre peut nous éviter d’entrer en conflit avec la tendance au libre échange et à l’intégration régionale qui sont supportés par les bailleurs de fonds internationaux ; tel serait le cas, si on entendait revenir à une politique économique de protection de l’industrie locale qui a prévalu dans les années 70-80 et qui, de toute façon, n’a pas pu assurer le décollage de notre économie.
Il faut avoir confiance que nos producteurs locaux seront capables, si un support logistique est disponible, de tenir tête à la compétition étrangère sur notre marché, à partir de leur propre mérite. Somme toute, il n’y a pas de grande magie à avoir des poules pondeuses à pondre des œufs, et un peu de courage et de détermination pour montrer à nos voisins qu’ils ne peuvent ignorer l’importance de notre marché pour leur économie. Cela doit servir de motivation; car nous absorbons un tiers de leur production, et ainsi ils devraient montrer du respect pour des clients sur le dos desquels ils font leur beurre. Le système de libre échange est tout ce qu’on veut, sauf un acte de charité, comme ils semblent le croire de l’autre côté de la frontière.
Ensuite, une question de fierté nationale
En fait, une estimation du coût du plan relève de la compétence technique des planificateurs en développement que le pays a la chance de posséder en nombre imposant localement, ensuite il faudrait aussi faire appel, par un programme approprié, aux Haitiens de la diaspora. Ce qui est le plus nécessaire au départ est une vision très claire et des objectifs mesurables à atteindre sur des périodes données. C’est le point critique où l’imagination doit rencontrer la technique et la détermination l’abnégation et le sens patriotique. Car l’exécution d’un plan de cette envergure va exiger des sacrifices énormes, tellement énormes qu’on pense que nous n’en sommes plus capables depuis le Geste Héroïque de 1804 qui pour certains pourrait être une légende.
Pour relancer l’économie, et atteindre des résultats visibles rapidement, nous aurons à nous concentrer au maximum sur une dizaine de priorités. Comme dit précédemment, ces priorités pourraient être tirées du groupe qui est sélectionné pour évaluer l’indice de développement humain d’un pays et qui est en ligne avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ce faisant, le pays peut bénéficier d’une grande publicité, si nous arrivons dans un temps record à dépasser une vingtaine de pays ou plus qui sont devant nous dans les échelles de mesure de certains organismes internationaux qui nous classent toujours, en dernière rangée, parmi les états en faillite. Quelque chose que nous devons changer.
Ensuite, cela facilitera l’investissement du secteur privé. Les hommes d’affaires qui cherchent du financement sur le marché international apprennent que leur plus grand handicap est dû au fait que le pays est classé très bas dans l’échelle des performances. Aller voir les indices de la Banque Mondiale pour vous en convaincre. Et les investisseurs étrangers qui s’intéressent au pays consultent toujours ces informations avant de prendre leurs décisions. Bien sûr, il y a aussi la question de l’insécurité qui heureusement s’est améliorée substantiellement, ces temps-ci.
Les jeunes entrepreneurs des prochains 25 ans
L’ingénieur qui était en charge de la construction de la nouvelle ville de Belladère raconte que le Président Dumarsais Estimé en visite sur les lieux eut à faire face à une situation insolite. En effet, en visitant une nouvelle maisonnette fraichement habité par de nouveaux locataires, le président et sa délégation remarqua qu’une poule couvait dans le lavabo. Devant l’embarras des membres de la délégation et des autorités présents, l’Homme de Verrettes ne semblait pas être ému du tout et déclara d’une voie haute pour se faire entendre de tout le monde : « Nous devons donner de l’espoir aux plus jeunes. La nouvelle génération apprendra comment utiliser un lavabo si nous continuons à construire des maisonnettes avec des lavabos. Et s’ils ont de l’espoir, ils n’iront pas se faire massacrer une fois encore par milliers, chez les voisins ». Le bon président serait bien déçu de voir aujourd’hui l’état de son pays et qu’il y a beaucoup plus de nos compatriotes dans la République voisine maintenant, avec un sort bien pire que lors de son vivant.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir une population jeune qui veut avancer. Plus de 60% de cette population est en dessous de 25 ans. Sur ces 10 dernières années, 50 mille d’entre eux en moyenne, se présentent tous les ans aux examens de fin d’études secondaires. Il est certain que si nous les mobilisons dans la construction de trois nouvelles capitales, ils les bâtiraient. Ils auront une raison d’exister. N’oublier pas quand on est jeune on veut changer le monde. Nous devons leur donner la chance de prouver que nous ne sommes pas une race dégénérée. Nous pouvons le faire. Ils seront les bâtisseurs des entreprises de toutes sortes qui créeront du travail et de la richesse dans le pays. Nous ne pouvons pas les abandonner. Il faut faire quelque chose.
Est-ce que vous vous êtes demandé que sont en train de faire nos voisins aujourd’hui? D’où vienne leur croissance économique de 10% l’an ? Quand nous sommes contents avec nos 3.5% de croissance, ils sont en train de construire de nouveaux pôles de développement et rêvent de devenir la plus grande destination touristique dans la région. Et, ce qui devrait nous faire mal, c’est qu’une bonne partie des ouvriers qui travaillent dans ces chantiers sont des Haitiens qui vont là-bas et acceptent de dures conditions, car c’est beaucoup mieux que le chômage de chez nous.
Mais, l’Homme de Verrettes pensait qu’il pouvait relever le défi de son temps, lui fils de paysan. Il lança le vaste programme d’irrigation de la Vallée de l’Artibonite avec un financement d’à peu prés $20 millions de la Banque Mondiale, le premier emprunt à Haiti. Ensuite il demanda à tout Haïtien de souscrire au Bon de la Dignité pour rembourser la dette de la Banque Nationale; créa une banque de crédit pour financer la production agricole; entama le programme de modernisation du Bord de Mer et la construction de la Cité du Bicentenaire. En moins de 5 années, le fils du paysan de Verrettes fit si bien que le nombre d’Haïtiens qui traversaient la frontière pour aller travailler dans les bateys dominicains avait considérablement diminué. Ce qui porta que quelques années plus tard, le caudillo dominicain, Leonidas C. Trujillo, sous le régime duquel le massacre avait eu lieu, à venir en Haiti afin de signer un accord régularisant l’apport des travailleurs haïtiens dans la Zafra Dominicaine.
En effet, l’établissement légal de trois nouvelles capitales apporterait un nouvel engouement à quitter la République de Port-au-Prince, non pas pour partir vers Santo-Domingo, Cayenne, ou Miami ; mais vers de nouvelles villes attractives et modernes du pays qui tendraient à offrir des opportunités surtout pour les plus jeunes, et aussi pour les moins jeunes dont certains n’ont pas encore trouvé un travail décent dans leur vie d’adulte. Il faut vivre sans espoir de trouver un travail décent comme un adulte après des études universitaires pour comprendre comment il est dur d’aimer le pays qui vous a vu naitre et qui n’offre rien pour entretenir une vie décente.
Ces nouvelles capitales régionales faciliteraient la Décentralisation du système universitaire en prévoyant la création d’un Campus universitaire moderne dans le Grand-Nord, le Grand Sud et le Grand Centre du pays, pour offrir une autre perspective à nos jeunes qui aujourd’hui sont obligés de voyager en République Dominicaine pour trouver la chance d’accéder à l’université. Cela devrait faire mal de savoir que la majorité de ces étudiants est supportée par leurs parents qui travaillent très durement aux USA pour envoyer de l’argent en République Dominicaine.
Notre compagnie étudie déjà comment les 45.000 jeunes qui seront entraînés dans l’usage et le maintien des ordinateurs et des équipements électroniques pourraient recevoir également une formation dans la gestion des micro-entreprises afin qu’ils puissent se mettre à leur propre compte, en trouvant un financement adéquat, et qu’ainsi, ils puissent eux-mêmes devenir des employeurs et augmenter l’offre d’emplois dans le pays. Il faut croire, l’amélioration technique de l’environnement économique et l’augmentation de la masse salariale et de l’offre d’emplois, vont avoir un impact positif sur les prestations salariales qui sont actuellement insuffisantes pour le maintien d’une vie décente et digne.
La compagnie envisage également de former 45.000 jeunes, du milieu rural, dans la fabrication de produits d’artisanat grâce à des équipements légers et avec une orientation vers le marché du secteur touristique et du secteur de la construction. Les nouvelles capitales représenteraient des débouchés pour les produits de ces petites entreprises qui travailleront aussi en réseau.
L’opportunité de la production du biodiesel en Haiti
Les prix des hydrocarbures tirés du pétrole, comme le gaz et le gasoil, continuent à augmenter sur le marché, avec le pétrole qui oscille aux environs de $100 le baril. On ne s’attend pas à voir une baisse sensible dans le prix de ces produits. Il y a trois principales raisons à cela. D’abord, le coût de la production du pétrole et de ses dérivés a considérablement augmenté ces derniers temps. En effet, l’industrie de production des produits pétroliers, pour augmenter sa capacité et répondre aux exigences du marché, est obligée d’acquérir de nouveaux équipements qui respectent les règles de la protection de l’environnement et réduisent les déchets toxiques. Ces nouveaux équipements sont beaucoup plus chers et les coûts de ces investissements sont passés dans les prix que paient les consommateurs. Ensuite, des pays comme la République de Chine et l’Inde, qui jouissent d’une économie à croissance accélérée, ont absorbé, à eux deux, prés de la moitié de l’augmentation de la production mondiale de pétrole de ces 5 dernières années. Finalement, les réserves mondiales de pétrole commencent à se réduire, compte tenu que depuis quelques années on n’a pas découvert de vastes champs pétrolifères. Donc, les grands pays exportateurs de pétrole qui forment le cartel de l’OPEP, pour préserver leurs réserves, ont décidé de réduire la quantité de pétrole qu’ils offrent sur le marché mondial. Ajouté à tout cela, il faudrait compter l’instabilité dans la région du Golf Persique où se concentrent les plus grands exportateurs mondiaux de pétrole. Ces facteurs sont les catalyseurs de l’augmentation des prix, et ils continueront à exercer une forte pression sur l’offre du pétrole brut sur le marché mondial.
Donc, les choses étant ce quelles sont, il faut choisir sa voie. Compte tenu que nous importons tous les produits pétroliers que nous consommons pour le transport et pour l’alimentation des usines électriques à base de diesel, il faudrait voir comment nous pouvons produire, une partie de nos besoins localement. La voie est le biodiesel qui est tiré des fruits oléagineux tels que le Gwo-Medsiyen, de son nom scientifique, Jatropha. Le Gwo-Medsiyen est une plante qui pousse partout dans le pays, même sur les terres arides. Le paysan l’aime pour ses vertus médicinales et l’utilise comme haies vives pour son jardin, du fait que les animaux n’aiment pas manger les feuilles amères du Gwo-Medsiyen.
C’est une plante qui exige très peu d’entretien et produit en toutes saisons. Le paysan l’associe aux autres cultures de son jardin et le Gwo-Medsiyen sert de plante de couverture. Ainsi, avec la production du biodiesel qui est tiré de l’huile extrait des grains du Gwo-Medsiyen, le paysan peut avoir un revenu additionnel de son jardin, comme c’était le cas autrefois avec le sisal dans les régions des terres arides. La récolte du Gwo-Medsiyen dans les champs, dépendant du type de culture, peut assurer un revenu allant jusqu'à $600 par hectare. Les planteurs peuvent se réunir en associations et en coopératifs afin d’augmenter et leur production et leur capacité de négociation pour le prix de leurs produits. Cette expérience est déjà réalisée dans plusieurs pays du monde, comme en Chine, en Inde et au Cameroun, avec beaucoup de succès. La production du biodiesel, à partir du Gwo-Medsiyen, apporte du travail dans ces pays, pour des catégories sociales, comme les femmes, qui sont très souvent sans revenu monétaire. En plus de la culture associée, la culture du Gwo-Medsiyen peut se faire en plantation également, avec un rendement qui peut attendre un pic de 6000 gallons d’huile à l’hectare. Cette production pourrait être destinée à l’alimentation des usines électriques régionales et distribuée dans des pompes à essence pour l’alimentation des véhicules de transport. La production du biodiesel a également des produits secondaires, comme le tourteau qui sert à l’alimentation du bétail et un engrais riche en phosphore qui servirait à améliorer la production de la culture maraichère des zones avoisinantes. Les petits planteurs peuvent être encouragés à cultiver le Gwo-Medsiyen, non seulement pour ses grains oléagineux, mais aussi comme plante de couverture afin de réduire l’érosion des sols semi-désertiques. La production du biodiesel est le genre d’industrie qui pourrait avoir un impact vertical très positif sur le secteur rural afin d’accélérer l’économie du pays.
Prosint est en train d’étudier le lancement d’un programme pour la production du biodiesel dans le pays. D’abord par un projet pilote, ensuite sur une grande échelle, avec la participation des syndicats des transports et des associations de petits planteurs. La production du biodiesel, en Haiti, serait en soi une entreprise à caractère écologique et aurait aussi des impacts positifs multiples sur l’environnement. Car, le Gwo-Medsiyen est une plante de couverture qui réduit la dégradation des terrains semi-arides subissant l’érosion causée par les pluies torrentielles. La production intensive de cette plante créera des dizaines de milliers d’emplois dans le secteur rural. Donc, cette entreprise servira à ralentir l’exode rural, dont les premières causes sont le chômage et l’absence d’opportunité. Le fait d’apporter du travail et des revenus aux paysans, la production intensive du Gwo-Medsiyen peut servir à réduire la coupe systématique des arbres pour la fabrication du charbon de bois. En fait, pressé par la faim, il arrive au paysan de couper un arbre fruitier par faute d’autre ressource pour survivre, et d’en faire du charbon de bois.
Haiti ne pourra jamais produire suffisamment de biodiesel pour satisfaire ses besoins. Car, nous consommons, actuellement, environ 100 millions de gallons de produits pétroliers et l’effort pour accélérer notre économie va augmenter cette demande considérablement. Les autres pays de la région, comme la République Dominicaine, cependant, ont vu l’avantage qu’offre le biodiesel pour leur pays en réduisant, tant soit peu, l’importation des hydrocarbures. Ils sont en train de monter des usines pour la fabrication du biodiesel à partir du Gwo-Medsiyen qui est déjà en plantation avec d’autres cultures, à une échelle importante. Plusieurs pays de la Caraïbe et de l’Amérique Latine ont participé, en décembre 2007, à Miami, à un sommet pour étudier un effort en commun afin de bénéficier de la production du biodiesel comme une alternative aux hydrocarbures dont les prix ne cessent d’augmenter. Honduras, un des pays aussi pauvre que nous dans la région qui a choisi de soutenir une croissance économique accélérée pour créer du travail, a annoncé que les plantations des oléagineuses pour la production du Biodiesel allaient s’étendre sur 100,000 hectares cette année. Cependant, il y a aussi une compagnie qui envisage déjà de lancer de vastes plantations dans les Guyanes et se prépare à faire appel à la force de travail des paysans Haïtiens pour cultiver ses plantations. Donc, si nous ne prenons pas avantage de cette opportunité pour créer du travail pour nos planteurs, il semble bien, que d’autres prendront avantage d’eux. Alors, il faut croire qu’une fois encore l’histoire de la Zafra pourrait se répéter...
Nous commençons une nouvelle année. Profitons de cette opportunité pour nous souhaiter une productive année 2008 et du succès dans nos entreprises et la protection Divine sur Haiti.
Paul G. MagloirePrésident/CEO de Prosint, Inc.
(Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère)
Table des textes sur le sujet:
I- Partie : Propositions pour un Plan de 25 Années
1-Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
2-Croissance Economique Accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
3-Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
II- Partie : Les Estimations Préliminaires des Coûts d’un Plan sur 25 Années
1-D’abord, une question de méthode et de finalités
2-Etablir des étapes intermédiaires
3-Ensuite, une question de fierté nationale
4-Les jeunes entrepreneurs des prochains 25 ans
5-L’opportunité de la production du biodiesel en Haiti
Propositions pour un Débat sur un Plan de 25 Ans
(27 Novembre 2007)
SOMMAIRE
1- Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
2- Croissance Economique accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
3- Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
La Problématique :
- La concentration de la capitale est la source de beaucoup de malheurs, même quand ceux qui profitent de ces malheurs ferment leurs yeux pour ne pas voir, et bouchent leurs oreilles pour ne pas entendre les cris de souffrance de frères et sœurs qui vivent dans les cités en cartons et en fer-blanc tirés de bidons usagés. Les enfants dorment dans les rues, crevant de faim, jusqu'au jour où ils seront suffisamment grands pour se livrer à la prostitution ou suffisamment fort pour porter une arme et devenir un détrousseur ou un kidnappeur qui tuera de sang-froid ; jusqu’au jour où lui ou elle sera tué à son tour. Ce sort réservé aux jeunes du pays est déshumanisant pour toute la nation qui l’accepte en se taisant.
- La croissance de la misère qui peut déboucher sur une crise de la faim avec nos voisins qui aujourd’hui nous tiennent par le ventre. (En terme clair, les Dominicains nous ont dit que si nous voulons manger des œufs frais nous ne devons pas nous plaindre du traitement qu’ils infligent à nos ressortissants ou à nos représentants officiels.) Et il semble que cela n’a pas frappé notre sens de dignité qui porterait tout patriote à prendre la décision d’éviter de manger des œufs pendant un certain temps jusqu'à ce que les œufs qu’on mange soient produits, chez nous, en Haiti.
- Aujourd’hui, en l’An 204 de notre indépendance, notre budget national dépend à plus de 60% de l’aide internationale. Si un jour ces donneurs décidaient de couper cette aide (comme les Dominicains l’ont fait en ce qui concerne les œufs) et nous demandent de faire en sorte de vivre avec nos propres moyens, est-ce que le peuple Haïtien devrait mourir pour autant et le pays disparaître ? Il est grand temps de nous remettre de cette léthargie et faire œuvre qui vaille de ces prochaines 25 années. Plusieurs grandes lignes du plan que nous proposons sont déjà consignées dans le « Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) » que le gouvernement se prépare à soumettre à l’appréciation des bailleurs de fonds internationaux. Ce plan nous parait trop timide. Il ne pourra que continuer la croissance de la misère, et est condamné à échouer sur le plan de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui vise à réduire la misère de moitié d’ici 2015. En effet, si nous prenons en compte qu’il existe 4.6 millions de citoyens en âge de travailler, seulement 800 mille d’entre eux ont des revenus qui les placent au dessus du seuil de la pauvreté. Donc, pour résorber de moitié la pauvreté des couches sociales les plus défavorisées, il faudrait un plan de croissance économique capable de créer 100 mille emplois au moins l’an pour les 7 prochaines années. Un tel effort exige une mobilisation nationale, sans préjugé et sans malice des malicieux traditionnels de la République. Mais, que propose le DSNCRP en termes d’emplois? Alors, jetons un regard sur la proposition alternative qui suit:
A- Décentralisation, Modernisation et Gestion Participative
1- Procéder au réaménagement territorial et à la redistribution du Budget National en fonction de la déconcentration des rôles au sein de l’appareil d’Etat ; répartir le pays en 3 pôles principaux de développement s’articulant sur le Grand Nord, le Grand Centre et le Grand Sud ; lancer un grand effort pour résorber les bidonvilles dans les principales villes du pays et établir des normes rigoureuses à suivre sur le plan de l’écologie urbaine; dynamiser le processus de la déconcentration et de la décentralisation en renforçant les capacités et les fonctions des instances locales, tout en modernisant les infrastructures et les services publics tant du point de vue quantitatif que qualitatif ; un programme principal, à ce niveau, serait la création et la mise en fonction d’un Bureau National du Cadastre avec le rôle de recenser et d’enregistrer les titres de propriétés et distinguer l’appartenance des propriétés privées de celles de l’Etat, dans le but de lancer un programme de construction de trois nouvelles capitales régionales, l’une pour le Grand Nord, une autre pour le Grand Centre et la troisième pour le Grand Sud.
2- L’établissement d’un système de contrôle administratif à trois niveaux, local, régional et central, et la réorganisation et la modernisation de différentes instances du gouvernement central qui devront apprendre à fonctionner harmonieusement avec les structures déconcentrées et décentralisées, et répondre efficacement aux nouvelles exigences de la gestion décentralisée ; et institutionnaliser le financement des partis politiques sur une base proportionnelle, afin qu’ils puissent avoir les moyens de participer à la modernisation de l’appareil d’état.
3- La création et le lancement de toute une série de programmes qui mettent l’accent sur la décentralisation, la modernisation et la gestion participative. Ces programmes porteront des projets dans le cadre d’un effort national engageant tous les segments de la nation sur le territoire et dans la diaspora, en démocratisant le crédit financier et l’éducation à tous les niveaux ; pour éliminer la pauvreté, créer des entreprises et multiplier les emplois et la richesse à travers le pays, afin d’améliorer les chances de réussite des individus aptes des couches sociales les plus défavorisées qui vivent surtout dans l’arrière pays ; un programme devrait fournir des crédits aux jeunes qui ont travaillé dans des programmes d’alphabétisation, de reforestation lancés par les mairies du pays. Ces crédits donneraient accès à l’acquisition de terrain appartenant à l’état, et au financement pour des études techniques et universitaires, ou offrirait une ligne de financement pour l’ouverture d’une petite entreprise. Ces programmes auraient la vertu de redonner confiance à nos jeunes, et à la nation la certitude que nous sommes formés d’un seul peuple qui a renoué avec son idéologie fondatrice, laquelle préconise « L’Union Fait la Force » ; un peuple digne de son histoire et aspirant à un avenir meilleur, en observant les normes de la société contemporaine.
4- Ce plan s’étendra sur une période de 25 ans, et sera réalisé de concert avec l’apport de tous les secteurs de la société civile sans discrimination, et avec la participation des secteurs organisés, comme les syndicats, les coopératives à tous les niveaux, et les associations de jeunes qui devront se mobiliser pour le travail de la régénération du pays, et avec tous les secteurs politiques qui devront respecter les normes de la pluralité démocratique prévues par la constitution ; discuté avec les pays amis et les partenaires du système de coopération internationale ; sous le Haut patronage du Président de la République, ce Programme de Renaissance Nationale serait lancé.
B- Croissance Economique accélérée, Création d’Emplois et Bonne Gouvernance
1- Grace aux nouvelles responsabilités des instances locales, progressivement le rôle des instances centrales se réduira, mais le gouvernement central doit devenir aussi plus efficace et plus moderne et compter beaucoup sur des encouragements et des garde-fous pour inciter les autorités municipales à développer et protéger les ressources naturelles locales. Graduellement, le développement des municipalités impliquera le recrutement de nouveaux cadres pour la fonction publique décentralisée. Le rôle de l’administration publique ne sera pas, pourtant, de créer de l’emploi, mais plutôt d’offrir des services de qualité aux individus, aux ménages, et aux entreprises. Donc, il y aura lieu de mettre en place des programmes de formation continue pour les cadres de la fonction municipale.
2- Dynamiser les filières de production et de services en éliminant les barrières et en liant les communautés rurales, les villages et les villes par des réseaux de communication viables en toute saison. La structure décentralisée devra permettre à tout Haïtien, quelque soit l’endroit où se trouve son lieu de résidence, de contribuer de façon effective à la croissance de sa localité d’origine et à l’économie de son pays. Cette croissance devra être accélérée pour atteindre 10% en moyenne l’an, sur une période de 25 années. Ce qui devrait nous permettre d’atteindre le niveau de développement que connaît aujourd’hui notre voisin. Sinon, dans l’état ou évoluent les choses, nous finirons bien par disparaître comme pays indépendant, tout au moins perdre ce qui nous reste de cette indépendance. Nos préoccupations seraient de faire en sorte que la croissance économique crée des emplois décents, réduise la misère, et mette fin au processus de destruction de notre écologie. Somme toute, nous pouvons devenir un modèle sur le plan du développement durable, car nous sommes la Génération de l’Espoir et du futur de ce pays.
3- La création d’emplois sera un rôle principalement réservé aux entreprises privées. L’Etat se réservera le droit d’intervenir ou de maintenir sa présence sur le marché du libre échange quand cela sera dicté par les intérêts nationaux. Mais, il devra concentrer ses ressources et son effort à accomplir sa fonction cardinale d’être un arbitre impartial qui veille et garantit le bien-être de la collectivité, pendant qu’il protège les éléments les plus faibles de la société. Le gouvernement travaillera en harmonie avec les autorités locales pour créer un climat favorable à l’investissement public et privé, et donner des incitatifs pour encourager la création d’entreprises de production et de services dans tout le pays, afin qu’elles deviennent prospères et offrent des emplois décents à nos jeunes, à nos femmes, aux mères et aux pères de familles, et aux différents membres de la société, lesquels devront gagner leur vie dans la dignité et dans le respect de leur droit au travail, sans abus ni discrimination.
4- Nous devons transformer le pays en une vaste entreprise orientée vers la production de biens et la distribution de services qui devront être classés parmi les meilleurs du monde. Nous ne pourrons pas nous engager dans la fabrication de tous les biens dont nous aurons besoin, ni développer tous les services que nous utiliserons. Mais, nous devons être en mesure de produire nos œufs ; et, tout ce que nous choisirons de produire doit porter l’emblème de la qualité.
5- Un certain nombre de secteurs seront prioritaires au niveau central tel que la Justice et la Sécurité, les Infrastructures d’information et de communication, de transport routier, maritime, aérien; pour l’Energie électrique, (la production et la distribution des énergies renouvelables); l’éducation, l’industrie, le tourisme, l’agriculture, l’artisanat et la pêche ; l’Environnement, le Transport, la Santé. Le fait de distinguer de grandes priorités sectorielles n’implique pas que l’Etat devrait se désengager des autres secteurs courants. Le gouvernement central devra inciter les gouvernements locaux à le suivre dans cette voie.
C- Renforcement du Système Sécuritaire et Retour Progressif à la Souveraineté Nationale
1- Nous devons construire une nation solidaire et cohérente à l’intérieur du pays, en mettant l’accent sur nos enfants, nos jeunes, nos femmes ; en établissant un climat de sécurité pour tous et le respect de la loi à tous les niveaux; en luttant contre la violence, la contrebande, le trafic de la drogue, la corruption sous toutes ses formes, et le terrorisme international. Notre territoire ne peut servir de refuge aux bandits. La sécurité est la première fonction de l’Etat.
2- Nous devons protéger notre environnement, notre frontière et reprendre le contrôle progressif de notre sécurité publique, et graduellement réduire la proportion de l’aide humanitaire dans notre budget, grace à une économie dynamique et une gestion efficace de notre assiette fiscale, dans l’ordre de quoi, chaque citoyen devra contribuer selon ses possibilités ; nous devons renforcer la solidarité entre nous tous Haitiens en protégeant les droits de ceux d’entre nous qui vivent à l’extérieur de nos frontières, et les encourager à investir dans le pays, quand ils ont les moyens, en adoptant des mesures qui montrent que nous sommes tous les enfants d’une seule Mère Patrie, HAITI.
3- Nous devons faire un effort constant pour vivre en paix avec nos voisins et tous les pays étrangers, et continuer à maintenir des relations amicales et de coopération avec la communauté internationale, tant sur le plan culturel et sportif, économique que sécuritaire; et aussi contribuer, autant que nous pouvons, au progrès et à l’épanouissement de la Communauté Humaine.
Le vœu solennel que chacun de nous doit faire, cher compatriote, est de travailler dur, tous les jours, à la réalisation de ce programme et à mériter des héros de 1804 et des générations futures. Car, Haiti doit Renaitre.
QUE LE DIEU TOUT PUISSANT NOUS GUIDE ET BENISSE NOS ACTES. MERCI !
PAUL G. MAGLOIRE
PRESIDENT/CEO – PROSINT
II - Les Estimations des Couts d’un Plan sur 25 Années
(01-01-2008)
Sur le texte distribué à travers l’Internet, en novembre 2007, posant le principe de l’ouverture d’un débat général sur un «Plan pour les 25 prochaines Années» pour la renaissance d’Haiti, le nombre le plus important de commentaires que nous avons reçu tourne autour des questions, à savoir, comment estimer les coûts d’un tel Plan et quelles seront les sources de financement.
Aujourd’hui, nous allons nous consacrer à poser les indices et montrer les points de repères théoriques devant guider la façon de procéder pour faire une estimation viable de ces coûts. Ensuite, dans un prochain texte nous chercherons à identifier les sources de financement de façon dynamique.
Concentrons-nous maintenant sur les approches d’estimations des coûts.
1-D’abord, une question de méthode et de finalités
Il n’est pas trop difficile de faire une estimation préliminaire pour un Plan de grande envergure. Car, il existe déjà des standards dans tous les secteurs de production et de service dans le pays. Ainsi, il est accepté que le coût moyen pour un kilomètre de route soit à peu prés $1.000.000. Partant du principe du coût actuel, construire 100 kilomètres de route couterait environ $100 millions et avoir un maillage routier de 900 kilomètres, l’équivalent d’un réseau desservant tous les points de la république, couterait environ $900 millions. La République Dominicaine possède aujourd’hui, un réseau routier s’étendant sur 6224 kilomètres, et carrossable en toute saison.
Le coût du Mégawatt d’électricité est d’environ $1 million également. A ce coût, il faudrait ajouter celui du réseau de distribution. Il faudrait cibler la quantité d’électricité à produire en tenant compte du niveau des autres pays de la région, si nous voulons être compétitifs. Notre voisin de l’est a actuellement une capacité de production installée d’environ 1200 Mégawatts pour environ 10 millions d’habitants. Compte tenu des pertes sur les réseaux par prévarication, nous plaidons depuis plus de 20 ans pour l’adoption d’un système proportionnel, sans usage de compteur-métrique, car les prix seraient indexés par région et niveau de vie, et tous les habitats (bâtiment et logement) dépendant de leur dimension et fonction, recevront un certain nombre de kilowatts/heure par mois, avec la possibilité d’usage additionnel à des prix du marché. Nous avons encouragé de tester ce système dans certaines villes du pays, et nous constatons qu’il a déjà donné de meilleurs résultats en termes de recouvrement des coûts, comparé au système en application traditionnellement.
C’est de même au niveau de l’approvisionnement en eau potable. Les coûts d’adduction par gallon varient selon le type d’approvisionnement et de distribution; bien que l’alimentation de Port-au-Prince en eau potable tende à devenir de plus en plus chère et même problématique, compte tenu du tarissement des sources d’approvisionnement traditionnelles et la croissance démographique galopante de la capitale. Ce qui milite en faveur d’un aménagement rationnel de l’espace du pays et d’une gestion décentralisée qui éclaterait le cadre restreint de la capitale monolithique et centrale et de la monstruosité que représente la République de Port-au-Prince.
Les estimations préliminaires devraient tenir compte des variations et des particularités propres à chaque secteur, et aussi de l’ampleur des besoins de la population basée sur nos capacités et des indices du développement humain que nous voulons atteindre dans cette période indiquée des prochaines 25 années. Ces travaux vont créer de l’emploi et augmenter le pouvoir d’achat de la population qui pourra payer pour ces biens et services. Elle paye déjà, grâce au transfert de la diaspora et à l’aide humanitaire, pour environ $1.3 milliard de produits qui viennent de l’étranger. Donc, la population n’est pas hostile à payer pour des biens et services quand ils sont disponibles. Le pays a beaucoup plus un problème d’offre. Mais, la demande est là. Il ne faut pas cesser de répéter l’exemple de DIGICEL. Ainsi, tous les secteurs de productions et de services peuvent être dynamisés, sans risque de déflation, et les premières estimations, pour avoir une idée du coût global du plan, pourraient être réalisées assez vite. Donc, les projections, si elles sont pondérées avec des variables réalistes, pourraient fournir un tableau de guidage, ou tableau de bord, afin de voir les champs de possibilités existants en termes de financement.
Par exemple, au niveau de notre compagnie, nous travaillons sur un modèle qui permettrait d’entrainer 9000 jeunes par an dans le domaine du maintien et de l’utilisation des équipements bureautiques, dans le but d’établir une base technologique devant supporter les programmes de production et de services que la compagnie compte lancer, dans le cadre d’un effort pour appuyer la modernisation des mairies du pays. Nous estimons, le coût moyen par étudiant formé dans le cadre du programme serait d’environ $1000, donc 9 millions l’an, à peu prés, pour 9000 étudiants et $45 millions sur 5 années serait capable d’augmenter la capacité de travail de la majorité des mairies et des entreprises de production et de service de ses mairies. Ainsi, à partir de ces données préliminaires, nous avons déterminé nos besoins en financement et identifié les sources de financement pour ce programme. Ainsi, cette phase traversée, il y aura à faire les études spécifiques d’évaluation et de mise en œuvre pour chaque programme.
Nous ne devons pas perdre de vue qu’un objectif important d’un Plan de 25 années serait de créer environ 100.000 emplois l’an pour les jeunes qui arrivent en âge de travailler, pour leur donner une raison d’espérer et de croire en ce pays, Haiti. Et enfin, éliminer graduellement la misère, et redonner à notre pays le sens de la dignité. Compte tenu de l’importance nationale d’un tel plan, il ne saurait être la préoccupation d’un groupe ou d’un secteur. L’engagement devrait être national, certes. Mais, chacun de nous devrait chercher à faire de son mieux pour y contribuer. Chaque magistrat devrait envisager comment offrir les meilleures conditions possibles dans sa municipalité pour la création d’entreprises productives. Chaque député devrait aussi contribuer à définir les besoins de sa circonscription en tenant compte des possibilités de sa juridiction. Un sénateur devrait chercher à faciliter l’insertion du plan dans sa région. Le parlement devrait, de son coté, être impliqué à faire l’évaluation des lois existantes et passer d’autres pour dynamiser la mise en place de ce plan. Les entrepreneurs et ceux qui ont des idées d’entreprises devraient proposer des projets qui seraient à même de faire avancer ce plan. Les organisations de jeunes, les associations de femmes, les associations professionnelles, les syndicats de travailleurs, les coopératives, et toutes les forces vives de la nation, dans le pays et dans la diaspora, auraient un rôle à jouer. Et, bien sûr, un tel plan ne serait pas possible sans une volonté politique de la part du gouvernement central de changer le processus qui est en train de nous conduire vers l’abime, en faisant le pays dépendre de plus en plus de l’aide internationale, et le marché national servir de déversoir pour les produits venant de l’étranger ; et cela, sans montrer nul espoir qu’on va recommencer à produire pour créer du travail et de la richesse dans le pays. C’est déraisonnable!
Nous devons faire les estimations en fixant des objectifs globaux et en termes de production et en termes de service à atteindre sur une période donnée. Par exemple, si on se disait que dans 25 ans, le pays arriverait au niveau du développement économique et social de la République Dominicaine aujourd’hui, et même ferait mieux dans certains domaines, cela voudrait dire que notre effort d’accélération de notre économie devrait faire passer le pouvoir d’achat moyen de maintenant à l’an de grace 2032 de l’ordre de $1,800.00 à $9,500.00 qui est en quelque sorte le niveau du pouvoir d’achat moyen de la république voisine aujourd’hui. Cela exigerait, ainsi, un effort de croissance moyenne d’environ 10% l’an à l’instar de l’Argentine, de la Chine Populaire, et de la République Dominicaine. Pourquoi pas ? Et, la nation devrait se mobiliser pour le faire.
Ces objectifs globaux devraient fixer combien de calories en moyenne notre régime alimentaire devrait rendre disponible par habitant avec le support d’un système de production et de service adéquat et de gestion rationnel de nos ressources. Il faudrait des objectifs fixant le nombre de classes d’écoles qui seraient construites durant cette période, pour recevoir un nombre donné d’élèves de tous les cycles de formation, en tenant compte qu’on devrait envisager d’éliminer une fois pour toute l’analphabétisme, si le programme qui est en cours n’aboutirait pas à le faire complètement. Ce plan devrait démocratiser l’accès aux études secondaires et techniques, et de même, encourager la formation universitaire et scientifique, si nous voulons construire un état avec les capacités modernes de production, et construire une économie du savoir capable de nous permettre de faire face aux aléas de la mondialisation. Ce plan devrait aussi établir les voies et moyens pour nous permettre de ramener la couverture végétale, dans les 25 ans, a au moins 20% de la superficie totale du pays. Sinon, nous allons finir par disparaître.
C’est le cas de dire que si nous choisissons sérieusement de faire du tourisme un pivot de notre économie, nous devons anticiper combien de chambres d’hôtels que nous allons construire en moyenne l’an, pour accueillir les centaines de milliers de visiteurs, comme ils ont réussi à le faire, dans moins de 25 ans, dans la république voisine. Il faudra aussi produire des œufs pour les déjeuners de nos invités ; du pain, de la viande et des mets de toutes sortes pour offrir des repas tous les jours, sans rupture de stock. Est-ce que nous allons importer tous ces produits et ignorer que la plus large couche de la population qui est habile à travailler dans la production agricole, le paysan Haïtien, pourrait produire en grande partie ces nourritures, si finalement nous nous décidons à les encadrer et à les financer? La croissance accélérée de notre économie ne veut pas dire que nous devons oublier le paysan qui constitue la plus grande partie de la population. C’est le cas de demander, est-ce que tout va être concentré à Port-au-Prince et ses environs, et ainsi rendre notre état d’insalubrité pire qu’il est, et pensé réussir le pari de devenir une destination touristique, et même nourrir l’ambition de concurrencer les autres destinations touristiques de la région, tout en étant une vraie poubelle à ciel-ouvert?
Parmi ces objectifs globaux, il faudrait inclure la construction des centres hospitaliers et des services d’urgences équipées et l’aménagement d’un nombre important de lits d’hôpitaux par habitant. Car la modernisation du service des soins de santé doit devenir un acquis pour arriver à l’émergence d’un Etat moderne et démocratique dans le pays. Le nombre de kilowatts/heure que nous produisons et le nombre de gallons d’eau par jour que les habitants auront à leurs dispositions, devraient être aussi planifiés. Il faut prévoir le nombre de logements qui sera construit et la quantité d’espace à aménager pour le commerce en gros et en détail, et l’établissement des espaces pour les étalages des petits détaillants au quotidien qui vont continuer à chercher à gagner leur vie comme ils peuvent et où ils peuvent, tant qu’ils ne trouveront pas des emplois qui leur permettront de vivre décemment. Il serait plutôt préférable de rendre leur présence attrayante et utile que de les considérer comme un encombrement et chercher à s’en débarrasser comme quoi ils n’auraient pas droit de cité. Même les villes les plus modernes du monde, de Paris à Manhattan, ont des zones aménagées pour les étalages de rue au quotidien. Et cela se fait si bien, certes, que ces zones apportent un bon complément esthétique à la beauté de ces villes. Est-ce que les Mairies ont déjà demandé à nos architectes de trouver une solution à ce problème ? Tout problème représente une opportunité de création de richesse.
Il y a toute une série d’éléments qui figurent sur la liste des indices du développement humain et la plupart de ces éléments devraient être sur la liste des objectifs à atteindre si nous voulons vraiment construire une société moderne et équilibrée, selon les normes contemporaines. Et, qui sait, ce faisant, on pourrait même atteindre le niveau de développement de notre voisin en moins de temps. Ce serait formidable, puisque selon les experts, un tel bond en avant devrait nous prendre au moins cinquante années. Le miracle haïtien est-il encore possible ? Il faut avoir le courage d’y croire et d’y travailler tous ensemble, en mettant de côté nos différences. Car, si nous ne le faisons pas, au train où vont les choses, il pourrait prendre bien moins que 25 années pour que nous cessions d’exister en tant que nation indépendante. Et nous n’aurions personne d’autre à blâmer que nous-mêmes. Donc, il est temps de retourner aux valeurs fondamentales qui ont donné naissance à notre nation. C’est le moment de faire renaître Haiti. Notre Haiti.
Etablir des étapes intermédiaires
L’impact à court terme de la mise en œuvre d’un Plan de 25 ans serait de créer de l’emploi et de l’espoir, surtout pour les jeunes qui forment plus de la moitié de la population, et chercher aussi à maintenir la stabilité politique dans le pays, si durement acquise. Car, cette situation de chômage, presque généralisé, peut déboucher sur n’importe quoi, et cela, n’importe quand.
Le lancement d’un tel plan pourrait tout d’abord viser à atteindre les Objectifs du Millénaire en 2015, soit la réduction de la misère de 50%. Pendant que nous nous mobilisons pour atteindre cette étape, on pourrait entamer un autre effort pour rétablir la souveraineté pleine et entière du pays, en éliminant du Budget National l’assistance internationale à tous les niveaux. Enfin, la troisième et dernière étape serait l’établissement d’un Etat moderne avec tout ce que cela signifie de nos jours, c’est-à-dire le fonctionnement d’une économie reposant en grande partie sur le savoir ; et ainsi faire de notre pays, sinon la Perle des Antilles d’autrefois, du moins un pays où il fait bon vivre.
Ces considérations nous montrent que les estimations d’un Plan sur 25 années ne sont pas uniquement d’ordre financier. Nous aurons à tenir compte, également, de l’efficience de l’appareil d’Etat et de tous les organismes qui le composent, de la capacité des forces de travail et d’exécutions représentée par la main d’œuvre spécialisée ou non, et aussi du savoir faire des travailleurs intellectuels et techniques, disponibles localement ou dans la diaspora, qui auront un rôle important à jouer au cœur de cet effort. Nous aurons aussi à évaluer la capacité de chaque secteur qui sera engagé dans l’exécution des programmes, et voir comment mettre en place des modules de formation pour la mise à niveau de tous les secteurs, en relation avec les standards d’exécution.
La deuxième étape dans le processus d’évaluation du plan consisterait à définir les objectifs à atteindre sur des périodes plutôt courtes pour les programmes porteurs. Et il faudrait prévoir qu’au terme de chacune des périodes qui seront établies, les programmes en cours devront être réévalués et réajustés en fonction des performances enregistrées, pour éviter des dérives et des variations qui éloignent trop les résultats des prévisions. Ces évaluations pourraient être faites sur des cycles de 100 jours, et seraient alternées entre les instances locales, régionales et centrales, et publiées dans la presse pour l’édification du grand public, et réduire les risques de corruption. Car, les mauvaises habitudes de coulage et de dérapage dans notre société ne vont pas disparaître bien vite. Donc, il faudra constamment veiller pour maintenir l’honnêteté et le respect du bien commun.
Comme nous l’avons dit plus tôt, nous ne saurons pas capables de tout faire, mais chercherons à faire avec maestria ce que nous faisons. Alors, il faudra bien cibler les secteurs porteurs pour éviter d’éparpiller trop nos ressources et ne pas obtenir l’optimization des effets multiplicateurs. Car, il est largement établi que la production et les services, dans une économie de marché sont, en général, plus efficients en misant sur le principe de la grande échelle. Disons, plus on produit, moins cela coûte. Mais, la production d’échelle, ne veut pas dire une production reposant sur de grands équipements et une structure industrielle de production à la chaine, uniquement. L’Allemagne, l’un des grands exportateurs mondiaux, doit sa réussite à des réseaux de petits producteurs. Bien sûr, l’Allemagne a aussi une longue tradition d’artisanat et de petits métiers.
Nous pouvons envisager d’intensifier la production avec la participation des coopératives et des associations de producteurs, en misant sur le talent de l’Haïtien. Il existe un embryon de ce système que nous pourrions renforcer assez vite. En fait, en apportant le support adéquat aux coopératives et aux associations de producteurs on pourrait relancer la production des œufs pour le marché local à partir de réseaux de milliers de cages de poules pondeuses à proximité des zones où il existe une forte demande pour ce produit. Ce système serait plus flexible pour s’adapter aux variations du marché et faire face à l’importation. En un temps record, un tel système peut nous permettre de répondre à la demande de 30 millions d’œufs que nous importons tous les mois de la République Dominicaine. Ainsi, une approche de ce genre peut nous éviter d’entrer en conflit avec la tendance au libre échange et à l’intégration régionale qui sont supportés par les bailleurs de fonds internationaux ; tel serait le cas, si on entendait revenir à une politique économique de protection de l’industrie locale qui a prévalu dans les années 70-80 et qui, de toute façon, n’a pas pu assurer le décollage de notre économie.
Il faut avoir confiance que nos producteurs locaux seront capables, si un support logistique est disponible, de tenir tête à la compétition étrangère sur notre marché, à partir de leur propre mérite. Somme toute, il n’y a pas de grande magie à avoir des poules pondeuses à pondre des œufs, et un peu de courage et de détermination pour montrer à nos voisins qu’ils ne peuvent ignorer l’importance de notre marché pour leur économie. Cela doit servir de motivation; car nous absorbons un tiers de leur production, et ainsi ils devraient montrer du respect pour des clients sur le dos desquels ils font leur beurre. Le système de libre échange est tout ce qu’on veut, sauf un acte de charité, comme ils semblent le croire de l’autre côté de la frontière.
Ensuite, une question de fierté nationale
En fait, une estimation du coût du plan relève de la compétence technique des planificateurs en développement que le pays a la chance de posséder en nombre imposant localement, ensuite il faudrait aussi faire appel, par un programme approprié, aux Haitiens de la diaspora. Ce qui est le plus nécessaire au départ est une vision très claire et des objectifs mesurables à atteindre sur des périodes données. C’est le point critique où l’imagination doit rencontrer la technique et la détermination l’abnégation et le sens patriotique. Car l’exécution d’un plan de cette envergure va exiger des sacrifices énormes, tellement énormes qu’on pense que nous n’en sommes plus capables depuis le Geste Héroïque de 1804 qui pour certains pourrait être une légende.
Pour relancer l’économie, et atteindre des résultats visibles rapidement, nous aurons à nous concentrer au maximum sur une dizaine de priorités. Comme dit précédemment, ces priorités pourraient être tirées du groupe qui est sélectionné pour évaluer l’indice de développement humain d’un pays et qui est en ligne avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ce faisant, le pays peut bénéficier d’une grande publicité, si nous arrivons dans un temps record à dépasser une vingtaine de pays ou plus qui sont devant nous dans les échelles de mesure de certains organismes internationaux qui nous classent toujours, en dernière rangée, parmi les états en faillite. Quelque chose que nous devons changer.
Ensuite, cela facilitera l’investissement du secteur privé. Les hommes d’affaires qui cherchent du financement sur le marché international apprennent que leur plus grand handicap est dû au fait que le pays est classé très bas dans l’échelle des performances. Aller voir les indices de la Banque Mondiale pour vous en convaincre. Et les investisseurs étrangers qui s’intéressent au pays consultent toujours ces informations avant de prendre leurs décisions. Bien sûr, il y a aussi la question de l’insécurité qui heureusement s’est améliorée substantiellement, ces temps-ci.
Les jeunes entrepreneurs des prochains 25 ans
L’ingénieur qui était en charge de la construction de la nouvelle ville de Belladère raconte que le Président Dumarsais Estimé en visite sur les lieux eut à faire face à une situation insolite. En effet, en visitant une nouvelle maisonnette fraichement habité par de nouveaux locataires, le président et sa délégation remarqua qu’une poule couvait dans le lavabo. Devant l’embarras des membres de la délégation et des autorités présents, l’Homme de Verrettes ne semblait pas être ému du tout et déclara d’une voie haute pour se faire entendre de tout le monde : « Nous devons donner de l’espoir aux plus jeunes. La nouvelle génération apprendra comment utiliser un lavabo si nous continuons à construire des maisonnettes avec des lavabos. Et s’ils ont de l’espoir, ils n’iront pas se faire massacrer une fois encore par milliers, chez les voisins ». Le bon président serait bien déçu de voir aujourd’hui l’état de son pays et qu’il y a beaucoup plus de nos compatriotes dans la République voisine maintenant, avec un sort bien pire que lors de son vivant.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir une population jeune qui veut avancer. Plus de 60% de cette population est en dessous de 25 ans. Sur ces 10 dernières années, 50 mille d’entre eux en moyenne, se présentent tous les ans aux examens de fin d’études secondaires. Il est certain que si nous les mobilisons dans la construction de trois nouvelles capitales, ils les bâtiraient. Ils auront une raison d’exister. N’oublier pas quand on est jeune on veut changer le monde. Nous devons leur donner la chance de prouver que nous ne sommes pas une race dégénérée. Nous pouvons le faire. Ils seront les bâtisseurs des entreprises de toutes sortes qui créeront du travail et de la richesse dans le pays. Nous ne pouvons pas les abandonner. Il faut faire quelque chose.
Est-ce que vous vous êtes demandé que sont en train de faire nos voisins aujourd’hui? D’où vienne leur croissance économique de 10% l’an ? Quand nous sommes contents avec nos 3.5% de croissance, ils sont en train de construire de nouveaux pôles de développement et rêvent de devenir la plus grande destination touristique dans la région. Et, ce qui devrait nous faire mal, c’est qu’une bonne partie des ouvriers qui travaillent dans ces chantiers sont des Haitiens qui vont là-bas et acceptent de dures conditions, car c’est beaucoup mieux que le chômage de chez nous.
Mais, l’Homme de Verrettes pensait qu’il pouvait relever le défi de son temps, lui fils de paysan. Il lança le vaste programme d’irrigation de la Vallée de l’Artibonite avec un financement d’à peu prés $20 millions de la Banque Mondiale, le premier emprunt à Haiti. Ensuite il demanda à tout Haïtien de souscrire au Bon de la Dignité pour rembourser la dette de la Banque Nationale; créa une banque de crédit pour financer la production agricole; entama le programme de modernisation du Bord de Mer et la construction de la Cité du Bicentenaire. En moins de 5 années, le fils du paysan de Verrettes fit si bien que le nombre d’Haïtiens qui traversaient la frontière pour aller travailler dans les bateys dominicains avait considérablement diminué. Ce qui porta que quelques années plus tard, le caudillo dominicain, Leonidas C. Trujillo, sous le régime duquel le massacre avait eu lieu, à venir en Haiti afin de signer un accord régularisant l’apport des travailleurs haïtiens dans la Zafra Dominicaine.
En effet, l’établissement légal de trois nouvelles capitales apporterait un nouvel engouement à quitter la République de Port-au-Prince, non pas pour partir vers Santo-Domingo, Cayenne, ou Miami ; mais vers de nouvelles villes attractives et modernes du pays qui tendraient à offrir des opportunités surtout pour les plus jeunes, et aussi pour les moins jeunes dont certains n’ont pas encore trouvé un travail décent dans leur vie d’adulte. Il faut vivre sans espoir de trouver un travail décent comme un adulte après des études universitaires pour comprendre comment il est dur d’aimer le pays qui vous a vu naitre et qui n’offre rien pour entretenir une vie décente.
Ces nouvelles capitales régionales faciliteraient la Décentralisation du système universitaire en prévoyant la création d’un Campus universitaire moderne dans le Grand-Nord, le Grand Sud et le Grand Centre du pays, pour offrir une autre perspective à nos jeunes qui aujourd’hui sont obligés de voyager en République Dominicaine pour trouver la chance d’accéder à l’université. Cela devrait faire mal de savoir que la majorité de ces étudiants est supportée par leurs parents qui travaillent très durement aux USA pour envoyer de l’argent en République Dominicaine.
Notre compagnie étudie déjà comment les 45.000 jeunes qui seront entraînés dans l’usage et le maintien des ordinateurs et des équipements électroniques pourraient recevoir également une formation dans la gestion des micro-entreprises afin qu’ils puissent se mettre à leur propre compte, en trouvant un financement adéquat, et qu’ainsi, ils puissent eux-mêmes devenir des employeurs et augmenter l’offre d’emplois dans le pays. Il faut croire, l’amélioration technique de l’environnement économique et l’augmentation de la masse salariale et de l’offre d’emplois, vont avoir un impact positif sur les prestations salariales qui sont actuellement insuffisantes pour le maintien d’une vie décente et digne.
La compagnie envisage également de former 45.000 jeunes, du milieu rural, dans la fabrication de produits d’artisanat grâce à des équipements légers et avec une orientation vers le marché du secteur touristique et du secteur de la construction. Les nouvelles capitales représenteraient des débouchés pour les produits de ces petites entreprises qui travailleront aussi en réseau.
L’opportunité de la production du biodiesel en Haiti
Les prix des hydrocarbures tirés du pétrole, comme le gaz et le gasoil, continuent à augmenter sur le marché, avec le pétrole qui oscille aux environs de $100 le baril. On ne s’attend pas à voir une baisse sensible dans le prix de ces produits. Il y a trois principales raisons à cela. D’abord, le coût de la production du pétrole et de ses dérivés a considérablement augmenté ces derniers temps. En effet, l’industrie de production des produits pétroliers, pour augmenter sa capacité et répondre aux exigences du marché, est obligée d’acquérir de nouveaux équipements qui respectent les règles de la protection de l’environnement et réduisent les déchets toxiques. Ces nouveaux équipements sont beaucoup plus chers et les coûts de ces investissements sont passés dans les prix que paient les consommateurs. Ensuite, des pays comme la République de Chine et l’Inde, qui jouissent d’une économie à croissance accélérée, ont absorbé, à eux deux, prés de la moitié de l’augmentation de la production mondiale de pétrole de ces 5 dernières années. Finalement, les réserves mondiales de pétrole commencent à se réduire, compte tenu que depuis quelques années on n’a pas découvert de vastes champs pétrolifères. Donc, les grands pays exportateurs de pétrole qui forment le cartel de l’OPEP, pour préserver leurs réserves, ont décidé de réduire la quantité de pétrole qu’ils offrent sur le marché mondial. Ajouté à tout cela, il faudrait compter l’instabilité dans la région du Golf Persique où se concentrent les plus grands exportateurs mondiaux de pétrole. Ces facteurs sont les catalyseurs de l’augmentation des prix, et ils continueront à exercer une forte pression sur l’offre du pétrole brut sur le marché mondial.
Donc, les choses étant ce quelles sont, il faut choisir sa voie. Compte tenu que nous importons tous les produits pétroliers que nous consommons pour le transport et pour l’alimentation des usines électriques à base de diesel, il faudrait voir comment nous pouvons produire, une partie de nos besoins localement. La voie est le biodiesel qui est tiré des fruits oléagineux tels que le Gwo-Medsiyen, de son nom scientifique, Jatropha. Le Gwo-Medsiyen est une plante qui pousse partout dans le pays, même sur les terres arides. Le paysan l’aime pour ses vertus médicinales et l’utilise comme haies vives pour son jardin, du fait que les animaux n’aiment pas manger les feuilles amères du Gwo-Medsiyen.
C’est une plante qui exige très peu d’entretien et produit en toutes saisons. Le paysan l’associe aux autres cultures de son jardin et le Gwo-Medsiyen sert de plante de couverture. Ainsi, avec la production du biodiesel qui est tiré de l’huile extrait des grains du Gwo-Medsiyen, le paysan peut avoir un revenu additionnel de son jardin, comme c’était le cas autrefois avec le sisal dans les régions des terres arides. La récolte du Gwo-Medsiyen dans les champs, dépendant du type de culture, peut assurer un revenu allant jusqu'à $600 par hectare. Les planteurs peuvent se réunir en associations et en coopératifs afin d’augmenter et leur production et leur capacité de négociation pour le prix de leurs produits. Cette expérience est déjà réalisée dans plusieurs pays du monde, comme en Chine, en Inde et au Cameroun, avec beaucoup de succès. La production du biodiesel, à partir du Gwo-Medsiyen, apporte du travail dans ces pays, pour des catégories sociales, comme les femmes, qui sont très souvent sans revenu monétaire. En plus de la culture associée, la culture du Gwo-Medsiyen peut se faire en plantation également, avec un rendement qui peut attendre un pic de 6000 gallons d’huile à l’hectare. Cette production pourrait être destinée à l’alimentation des usines électriques régionales et distribuée dans des pompes à essence pour l’alimentation des véhicules de transport. La production du biodiesel a également des produits secondaires, comme le tourteau qui sert à l’alimentation du bétail et un engrais riche en phosphore qui servirait à améliorer la production de la culture maraichère des zones avoisinantes. Les petits planteurs peuvent être encouragés à cultiver le Gwo-Medsiyen, non seulement pour ses grains oléagineux, mais aussi comme plante de couverture afin de réduire l’érosion des sols semi-désertiques. La production du biodiesel est le genre d’industrie qui pourrait avoir un impact vertical très positif sur le secteur rural afin d’accélérer l’économie du pays.
Prosint est en train d’étudier le lancement d’un programme pour la production du biodiesel dans le pays. D’abord par un projet pilote, ensuite sur une grande échelle, avec la participation des syndicats des transports et des associations de petits planteurs. La production du biodiesel, en Haiti, serait en soi une entreprise à caractère écologique et aurait aussi des impacts positifs multiples sur l’environnement. Car, le Gwo-Medsiyen est une plante de couverture qui réduit la dégradation des terrains semi-arides subissant l’érosion causée par les pluies torrentielles. La production intensive de cette plante créera des dizaines de milliers d’emplois dans le secteur rural. Donc, cette entreprise servira à ralentir l’exode rural, dont les premières causes sont le chômage et l’absence d’opportunité. Le fait d’apporter du travail et des revenus aux paysans, la production intensive du Gwo-Medsiyen peut servir à réduire la coupe systématique des arbres pour la fabrication du charbon de bois. En fait, pressé par la faim, il arrive au paysan de couper un arbre fruitier par faute d’autre ressource pour survivre, et d’en faire du charbon de bois.
Haiti ne pourra jamais produire suffisamment de biodiesel pour satisfaire ses besoins. Car, nous consommons, actuellement, environ 100 millions de gallons de produits pétroliers et l’effort pour accélérer notre économie va augmenter cette demande considérablement. Les autres pays de la région, comme la République Dominicaine, cependant, ont vu l’avantage qu’offre le biodiesel pour leur pays en réduisant, tant soit peu, l’importation des hydrocarbures. Ils sont en train de monter des usines pour la fabrication du biodiesel à partir du Gwo-Medsiyen qui est déjà en plantation avec d’autres cultures, à une échelle importante. Plusieurs pays de la Caraïbe et de l’Amérique Latine ont participé, en décembre 2007, à Miami, à un sommet pour étudier un effort en commun afin de bénéficier de la production du biodiesel comme une alternative aux hydrocarbures dont les prix ne cessent d’augmenter. Honduras, un des pays aussi pauvre que nous dans la région qui a choisi de soutenir une croissance économique accélérée pour créer du travail, a annoncé que les plantations des oléagineuses pour la production du Biodiesel allaient s’étendre sur 100,000 hectares cette année. Cependant, il y a aussi une compagnie qui envisage déjà de lancer de vastes plantations dans les Guyanes et se prépare à faire appel à la force de travail des paysans Haïtiens pour cultiver ses plantations. Donc, si nous ne prenons pas avantage de cette opportunité pour créer du travail pour nos planteurs, il semble bien, que d’autres prendront avantage d’eux. Alors, il faut croire qu’une fois encore l’histoire de la Zafra pourrait se répéter...
Nous commençons une nouvelle année. Profitons de cette opportunité pour nous souhaiter une productive année 2008 et du succès dans nos entreprises et la protection Divine sur Haiti.
Paul G. MagloirePrésident/CEO de Prosint, Inc.
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